Une actualité du dépôt de thèses en France

L’ABES (Agence bibliographique de l’enseignement supérieur) a récemment publié les statistiques 2016 de son application STAR. Pour mémoire, STAR (Signalement des Thèses Archivage) est un dispositif national géré par l’ABES et mis en place en collaboration avec le CINES (Centre Informatique National de l’Enseignement Supérieur) suite à l’arrêté du 7 août 2006. Cet outil, développé d’abord à destination des établissements de soutenance, a pour objet le traitement et la gestion des thèses soutenues sous forme électronique, de l’enregistrement du dépôt à l’archivage pérenne par le CINES en passant par le signalement dans le catalogue et le portail Sudoc (Système Universitaire de Documentation).

Que nous apprennent ces statistiques ? D’une part, que la base de données STAR – CINES recense, au 1er janvier 2017,  56 287 thèses archivées. D’autre part que, depuis 3 ans, le volume moyen de dépôts s’équilibre autour de 10000 thèses électroniques traitées annuellement. Après une montée en puissance progressive entre 2010 et 2014, le nombre de dépôts semble désormais se stabiliser. Cependant, il est possible d’envisager une nouvelle phase d’accroissement de ce volume annuel moyen suite à la parution de l’arrêté du 25 mai 2016 fixant le cadre national de la formation et les modalités conduisant à la délivrance du diplôme national de doctorat. Ce texte rend notamment obligatoire le dépôt de la thèse dans sa version numérique à compter du 1er septembre 2016 :

« Le doctorant engagé dans la préparation d’une thèse de doctorat dépose celle-ci un mois avant la date prévue pour la soutenance au service chargé du doctorat de l’établissement d’enseignement supérieur dans lequel celle-ci s’effectue.
Le doctorant fournit sa thèse sous forme numérique selon les prescriptions de l’établissement de soutenance. Il fournit en outre des exemplaires sur support papier destinés aux membres du jury, lorsque ceux-ci en ont exprimé la demande. L’établissement assure alors l’impression de la thèse à partir du support numérique. »

Alors qu’auparavant le choix était laissé aux établissements de soutenance d’opter pour le dépôt des thèses sur support papier ou électronique, l’arrêté entérine dorénavant le passage au dépôt numérique, favorise, par là même, un processus d’harmonisation des pratiques sur l’ensemble du territoire national et consolide le rôle central de l’application STAR conçue initialement pour favoriser le signalement puis l’archivage et la diffusion des thèses.

Qu’en est-il justement de la question de la diffusion des documents numériques de thèses sur Internet ? Il faut tout d’abord souligner la relative complexité du paysage français en la matière. En effet, plusieurs dispositifs coexistent. Ainsi, certains établissements proposent leur propre plateforme de diffusion. C’est le cas notamment de l’université Lumière Lyon 2, de l’université de Poitiers ou de l’INSA de Lyon. A côté de ces initiatives locales, le CCSD (Centre pour la Communication Scientifique Directe) déploie, depuis 2001, le serveur national TEL (Thèses en ligne) défini comme un environnement de dépôt et de diffusion des thèses de doctorat et habilitations à diriger des recherches (HDR). Comme HAL, TEL organise son fonctionnement autour de la notion d’auto-archivage et d’accès ouvert aux documents déposés sur la plateforme. Avec plus de 63000 documents recensés, TEL, environnement particulier de HAL,  fait désormais partie des acteurs majeurs, au niveau mondial, en matière de libre accès à la connaissance et à l’information scientifique. Ce serveur contribue notamment à l’alimentation du portail de thèses électroniques DART-Europe, nouant ainsi un large partenariat à l’échelle européenne dont l’objet est l’amélioration de la visibilité internationale des travaux de recherche. TEL permet également la création de collections, notamment institutionnelles. On voit ainsi de nombreux organismes (universités, écoles, laboratoires…) investir cette plateforme afin de rassembler et valoriser les thèses soutenues en leur sein, et, par là même, d’en constituer des collections spécifiques. Enfin, autre dispositif majeur, l’ABES a développé en 2011 Thèses.fr, son moteur de recherche des thèses de doctorat françaises alimenté par les données saisies via les applications STAR et STEP (Signalement des Thèses En Préparation).

Mais rassurons-nous, ces différents dispositifs sont désormais interconnectés et communiquent entre eux au moyen de passerelles informatiques et de processus d’automatisation. Ainsi, la collection STAR de TEL, par exemple, est alimentée, via l’application STAR, par les établissements qui ont choisi TEL comme plateforme de diffusion de leurs thèses. D’autre part, si l’on se réfère aux statistiques d’activité de la plateforme HAL pour l’année 2016, on peut se rendre compte que 72% des thèses ont été déposées via l’application STAR (5 731 sur 7 943 thèses). Enfin, le moteur de recherche Thèses.fr donne accès aux thèses déposées sur les plateformes institutionnelles, à celles archivées et diffusées en libre accès sur HAL ou TEL ainsi qu’aux métadonnées des documents de thèses provenant des catalogues de bibliothèques universitaires ou du SUDOC. Force est alors de constater que ces différents outils mis à la disposition des organismes de soutenance et des doctorants sont dorénavant fortement liés favorisant de cette manière la constitution d’un écosystème documentaire riche au service d’une large diffusion des travaux de thèses sur Internet. A ce propos, le rapport relatif aux statistiques 2016 de l’application STAR note que le pourcentage de thèses déposées dans STAR diffusées sur Internet est évalué à 75%. Donnée encourageante qui souligne le chemin parcouru en la matière.

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